Les maisons endormies
Recherche photographique sur les résidences secondaires de la côte bretonne en basse saison.
Sur le littoral breton, en basse saison, les stations balnéaires se vident et deviennent pendant une partie de l’année de vastes espaces désertiques. Les vacanciers s’en vont, les châteaux de sable s’effondrent. La fermeture des boutiques annonce la trêve hivernale, les pavés des ruelles cessent d’être piétinés, le chahut des enfants laisse place au battement des vagues sur la grève. Le temps ralentit, les jours s’adoucissent et la moiteur s’installe progressivement. Les maisons ferment leurs paupières et s’endorment profondément.
Je scrute ces maisons endormies, les écoute respirer lentement ; chacune semble avoir une histoire à raconter.
Avec des taux de résidences secondaires variant de 50 % à 80 % (source : INSEE), ces villes de bord de mer sont devenues des villes fantômes. La population qui y réside tout au long de l’année diminue de jour en jour et sa moyenne d’âge est en augmentation. La jeunesse qui souhaite s’installer dans la région se dirige vers des villes plus dynamiques tout au long de l’année et, plus abordables financièrement. L’économie, quasi exclusivement tournée vers le tourisme estival, engendre de graves problèmes qui marquent le territoire en profondeur ; la précarisation de l’emploi, la spéculation immobilière et la bétonisation du littoral en sont les principaux. Ces changements brusques modifient le statut de la ville côtière bretonne et altèrent son identité historique.
Les fenêtres obstruées nous privent de l’intérieur, reléguant ainsi la maison à son unique extérieur ; une façade parfois colorée, boursouflée, égratignée... Une fois refermée sur elle-même, l’habitation prend des allures sculpturales.
À l’heure actuelle, après cinq ans de travail, la collection comprend 150 photographies. Elle se concentre sur une vingtaine de stations balnéaires.